mercredi 30 mars 2011

Rien à combattre

Il n’y a plus de combat
Tous sont à plat
Blessés
Retournés aux mains du soigneur
Comme des enfants emmaillotés
On a remisé les cordes
Lessivé le ring
Ce n’est plus qu’une estrade
Un petit carré de bois
Toute seule dans les gradins
J’attends qu’ils éteignent les lampes
Ferment la porte de derrière
Alors
J’irai passer ma nuit à combattre
Mes démons et leurs frères
Leur donner du fil à retordre
Lancer mes poings
Je l’aurai
Ma petite victoire
Toute seule
Il n’y a pas de maman dans les vestiaires

samedi 26 mars 2011

Rêveur

Penché sur son sommeil il amasse ses rêves
Au réveil ne dit rien à personne
Dans le secret de son filet de voix
Il les garde pour lui les tient à bout de bras
Se construit des cahutes où il pourra dormir
Un toit à l’abri des étoiles
Il ne veut rien entendre
Rien entreprendre
Le jour ne l’intéresse pas
Le printemps il s’en bat
Il attend que la nuit 
Sur lui

vendredi 25 mars 2011

Mon programme

À la fin de la journée
On se couchera presque nus sur des planches de bois chaud
On sifflera des bières populaires en fumant le nez en l'air
Et on refera le ciel
Avant qu'il ne devienne trop sale

lundi 21 mars 2011

Jardiner des atomes

Tu jardines sur tes terres nucléaires
Tu ne sais rien faire d’autre
Pourtant
Ils t’ont enlevé ton ciel
Bousillé ta pluie
Ta récolte
Bonne pour la poubelle
Mais tu préfères rester là
Sous ce ciel à l’envers
Plutôt que d’assister au désastre de ta femme
Et de tout son confort endormi
Muette sur son canapé
Devant le poste éteint
Elle attend que l’électricité revienne

mercredi 16 mars 2011

Cité digitale


Après
Moi
Cité digitale
Revisitée
Accueillant tes baisers touristiques
Ta langue étrangère
Épinglée en carte postale sur tes murs
Portée aux nus
Sous tes doigts
Qui s’enhardissent
Et finissent
Toujours
Par construire de nouvelles routes

dimanche 13 mars 2011

Je lui clouerais bien le bec

Voilà
Juste au moment où je pense qu'il va foutre le camp pour de bon
Le soleil fait demi-tour
S'appuie contre ma fenêtre et me dit
Viens Paulette
En m'embrassant sur la tempe

Voilà
Un jour
Je lui clouerai le bec à celui-là

mardi 8 mars 2011

sexisme

Le jour où on lira un article retraçant la journée d'un homme politique en campagne formulé de la façon suivante :
Il arrive en retard et court sur le quai. Petite veste en velours marron sur une chemise blanche et un jean qui moule ses formes généreuses, il n'a pas eu le temps de se maquiller.
Ce jour-là qu'est-ce qu'on va se marrer les filles !

dimanche 6 mars 2011

La bagnole

Quand tu seras plus grande je viendrai au bord de ton rêve
J'essayerai de ne pas te faire peur
Avec leurs histoires de grand méchant mou, de marchand de table
Avec leurs histoires de grands tout court
Devenus fous de douleurs d'avoir perdu leur innocence
Pour l'avoir vendue à des tordus de première e
Aux premiers venus
Contre une cuisine équipée
Une tondeuse à melon
Un aspirateur de malheurs
Il me suffira de te regarder vouloir attraper les ombres
De te voir ramasser la pluie sur les vitres
Pour me fondre dans ton enfance
Plus vite qu'eux
Et pourtant
Ils ont de ces bagnoles !
Au bord de ton lit
Je déposerai
Des étoiles à vapeur
Des nuages à moteur
Un ciel
Plus grand
Et des chemins sans raccourcis
Rien à vendre
Tout
Vers tendre

samedi 5 mars 2011

Reconversion

J'ai d'abord cru que c'était la lune qui se levait derrière toi
Mais ton auréole
Finalement
Moins pure qu'on ne le croit
Quand on te croise la première fois
On se lasse de tout
Même des vœux pieux

De mes prières gelées
J'ai fait un collier
Que je porte le soir dans mon boudoir
Dans mon fumoir
Dans un endroit pour mauvaises façons
Et puis mon auréole
Je l'ai brûlée aux septièmes degrés
Avec des garçons cons comme la lune du début
Des qui croient en moi
Qui veulent me faire jaunir sous leurs projecteurs

J'ai dit non
J'ai pas peur
De personne
J'ai tout jeté
Au septième ciel




Bon débarras !

Tu as bouffé des langues amères
Tu as fait tremper du chocolat dans tes langes
Tu as mis ton bordel en écharpe
Pendant que le scandale s'est affalé sur le sofa
En plein foyer
Tu as regardé à quoi ressemblaient les caprices
Les cuisses de l'autre qui gambade déjà
Son sourire plein de dents
Tu as cherché
Comment on attrape les marches les flocons les braises
Y'avait tout
Même les vieux draps qui font éternuer
Tout ça
C'était pour toi !

mardi 1 mars 2011

Les ombres de Bertrand

Divague
Prends les rails
Taille-toi
Fuis
Mauvaises herbes
Cancrelats
Tu ne seras jamais aussi grand que tes ombres
Je longe la voie
Ta voix
Jusque dans mes entrailles
Tes mots
Les miens
Jamais aussi beaux
Taille
Prends la route
Continue
Tourne tes phrases dans ma bouche
Que je chante
On sautera pas tu sais
Pas cette fois

Des hommes

Le monde est petit et pourtant ils l'asphaltent
Ils le recouvrent sans avoir pris le temps de le découvrir
Ils lui bourrent la gueule par crainte de son ressentiment
Ils ne veulent plus l'entendre
Aplati sous leurs poubelles, espérons que le monde au moins saura le leur rendre au centuple.

Archi-texture

Il construit des tours réfléchissantes
Avec des structures métonymiques,
Des panneaux solitaires.
C'est un poète émotif
Sensible comme un miroir
Et fragile comme du verre.
Mais n'a pas le vertige.
Ne craint pas les sous-sols.
Ses vers ne lui mangeront pas le cœur...